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  • 14.05.2021

Interview : la vision de l’Institut Jacques Delors sur l’évolution du FSE au FSE+

Fondé par Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, le think tank européen, l’Institut Jacques Delors, propose des analyses destinées aux citoyens et décideurs européens afin de notamment nourrir les débats relatifs à l’Union européenne. Nous y avons rencontré Sonia Fernandes, Directrice de l'Académie Notre Europe et chercheuse senior sur l’emploi et les affaires sociales européennes, qui nous a partagé sa vision du FSE+. L’occasion d’évoquer également l‘action de l’Europe solidaire en cette période de crise sanitaire.

Quelle est votre vision générale de l'évolution du FSE en FSE+ ?

L’évolution du FSE en FSE+ est, à mon sens, positive ! Celui-ci rassemble désormais le Fonds social européen (FSE), l’Initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ), le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD), ainsi qu’une partie du programme pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI).

Le FSE+ offre un cadre commun de mise en œuvre pour ces différents fonds de l’UE dans le domaine social et de l’emploi. La fusion des fonds doit permettre une simplification des procédures, de renforcer les synergies et de fournir ainsi un soutien plus intégré et ciblé pour répondre aux défis sociaux auxquels les pays européens font face.

Quelles ambitions portent particulièrement ce nouveau FSE+ ?

Le FSE+ doit permettre un meilleur alignement entre les financements et les priorités d’action de l’UE en matière sociale et de l’emploi. En effet, les projets subventionnés par le FSE+ ont la vocation de répondre à ces priorités ainsi qu’aux recommandations adressées annuellement par la Commission à chaque État membre. En matière sociale, le FSE+ a pour piliers les vingt principes du Socle européen des Droits sociaux ainsi que les indicateurs du tableau de bord social.

Les seuils minimaux d’allocation du budget du FSE+ à certains objectifs sont particulièrement bienvenus, notamment pour faire face aux conséquences sociales de la pandémie actuelle. Les États doivent allouer au moins 25 % de leurs ressources FSE+ à la promotion de l’inclusion sociale, et au moins 3 % des ressources du FSE+ doivent être consacrée à l’aide alimentaire aux plus démunis.

Le FSE+ vise aussi en particulier les jeunes et les enfants. Ainsi, les pays dont le taux de jeunes « NEET » (ne travaillant pas et ne suivant pas d’études ou de formation) est supérieur à la moyenne de l’UE devront affecter au moins 12,5 % de leurs ressources FSE+ pour des actions de soutien à l’emploi des jeunes. Et ceux dont le taux de pauvreté infantile est supérieur à la moyenne de l'UE doivent consacrer au moins 5 % de leurs ressources FSE+ à la résolution de ce problème.

Pouvez-vous citer une action particulièrement marquante du FSE sur la période 2014-2020 ?

Sur la période 2014-2020, 20 % des fonds du FSE devaient être alloués à l’inclusion sociale (la France y a consacré presque 30 % de ses crédits) et il y aurait donc de nombreux projets à mentionner sur ce volet. Si je dois mettre en avant une action, je choisirai la Garantie européenne pour la jeunesse mise en place dans l’ensemble des pays de l’Union européenne.

En effet, en 2013, suite à la crise financière de 2008, les pays de l’UE ont adopté une recommandation demandant aux États membres de prendre des mesures afin que chaque jeune ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) se voit proposer un parcours d’insertion professionnelle. Depuis 2014,
5 millions de jeunes dans l’UE bénéficient chaque année de cette garantie. En France, la « Garantie Jeunes » est mise en œuvre par les Missions Locales et, entre 2014 et 2020, la France a disposé d’une enveloppe financière du FSE de 6,5 milliards d’euros, dont presque 1 milliard a été investi dans des mesures en faveur de l’emploi des jeunes.

Estimez-vous que l'Europe solidaire s'est suffisamment concrétisée lors de la crise sanitaire ?

L’Union européenne a fait preuve de solidarité dans la gestion de la pandémie et, surtout, d’une volonté de limiter l’impact social de la crise, contrairement a ce qui s’était passé lors de la crise dans la zone euro il y a dix ans.

Dès avril 2020, les premières mesures ont été adoptées par l’Eurogroupe incluant un nouvel instrument pour protéger les travailleurs et les emplois. Grâce à « SURE », doté d’une capacité de 100 milliards d’euros, les États membres ont pu recevoir des prêts dans des conditions avantageuses pour faire face à la hausse de leurs dépenses liée au financement des régimes de chômage partiel par exemple. L’objectif était d’inciter les États membres à mettre en place ou renforcer ces régimes.

Quelques mois plus tard, l’adoption du plan de relance Next Generation EU, doté de 750 milliards d’euros est une expression tangible de la solidarité de l’UE. La Commission a également adoptée des mesures ciblées visant certains groupes de population particulièrement impactés par la pandémie. Ainsi, l’aide alimentaire aux plus démunis a été renforcée et un plan de soutien à l’emploi des jeunes a été présenté dès juillet dernier. Ce dernier prévoit notamment qu’au moins 22 milliards d’euros du plan de relance et du budget pluriannuel de l’Union européenne soient alloués aux actions de soutien à l’emploi des jeunes.

L’Union européenne a fait preuve de solidarité dans la gestion de la pandémie et, surtout, d’une volonté de limiter l’impact social de la crise.

Sofia Fernandes,

Directrice de l'Académie Notre Europe et chercheuse senior sur l’emploi et les affaires sociales européennes à l'Institut Jacques Delors

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Pour une vue d’ensemble sur le SPIE, consultez la brochure du Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

Pour en savoir plus, consultez le communiqué de presse du 20 avril 2021 relatif aux 31 territoires sélectionnés.

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