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Supercoop, supermarché coopératif et local dans un quartier prioritaire à Bordeaux

Un supermarché coopératif et participatif au cœur d’une zone prioritaire, c’est le pari de la Supercoop de Bordeaux, née en 2016 avec le soutien du FSE. Cinq ans et 1.400 coopérateurs plus tard, la fondatrice Anne Monloubou a accordé un entretien au FSE Mag pour présenter le fonctionnement et l’ambition de la structure indépendante locale, équitable et solidaire.

Pour faire ses courses à la Supercoop de Bordeaux, il ne suffit pas d’apporter son chariot et son porte-monnaie. Trois heures par mois, les consommateurs-adhérents mettent la main à la pâte bénévolement pour faire fonctionner le magasin. Mise en rayon, réception de produits, ici, « personne n’est un professionnel de la caisse », décrit Anne Monloubou, initiatrice du projet. « Toutes les personnes que vous voyez dans le magasin sont des coopérateurs. »

A l’origine, il y a la volonté d’offrir des produits locaux, sains et équitables aux habitants de Bordeaux et ses environs… et que ces produits soient accessibles financièrement. En 2016, une subvention du FSE, à hauteur de 12.000 euros, permet la création du premier emploi salarié de Supercoop. Un coup de pouce pour lancer la recherche des fournisseurs et l’aspect logistique de ce qui va devenir un magasin au statut de coopérative. Après deux ans dans des locaux prêtés par la mairie de Bègles, Supercoop s’installe dans son propre magasin en mai 2018.

En acquérant dix parts sociales (un total de 100€ payables en plusieurs fois), le client devient partie prenante de l’aventure. Grâce au bénévolat et à cette cotisation, ici, les prix sont bas “toute l’année” et les marges fixes : « on achète un produit 1€, on le vend 1,20€ », explique Mme Monloubou. Une politique tarifaire unique pensée à contre-courant des marges variables de la distribution conventionnelle.

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La majorité des fournisseurs sont des producteurs locaux, précise la fondatrice de Supercoop. « On a la chance d’être le premier territoire agricole de France », rappelle-t-elle, et « on a la liberté de choisir les producteurs du coin, c’est intéressant pour les gens qui veulent consommer du local en circuit court ». Pendant la pandémie de Covid-19, le magasin a d’ailleurs convaincu une clientèle rassurée de voir que Supercoop n’était pas touchée par les problèmes d’approvisionnement que connaissaient les supermarchés dépendant de centrales d’achat saturées.

Supercoop a tout de même recours à des grossistes pour compléter l’offre et s’adapter à différents publics. « On n’est pas complètement bio, on a élargi à des premiers prix qualitatifs, pas forcément locaux, pour que tout le monde puisse faire ses courses même avec peu de moyens », précise Anne Monloubou. Le magasin bordelais se veut accessible aux habitants de son quartier prioritaire de Carle Vernet-Terres Neuves à Bègles, derrière la gare Saint-Jean, où 36% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 60% des habitants ne sont pas imposés.

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Pour attirer des gens pas déjà engagés dans une démarche bio ou zéro déchet comme les premiers coopérateurs, le magasin a déployé plusieurs stratégies. « On n’a pas la chance d’avoir une façade vitrée classique, donc il faut oser pousser la porte pour nous découvrir », explique la fondatrice. C’est comme ça que Supercoop est devenu un relais colis. Les gens sont entrés, « ont vu que c’était un magasin comme partout et qu’ils pouvaient faire leurs courses pour moins cher », se souvient-elle. Des ateliers de cuisine ou de fabrication de cosmétiques et produits ménagers zéro déchet ont aussi été organisés en partenariat avec les centres sociaux du quartier. Objectif : favoriser l’éducation populaire et mixer les publics. Même idée du côté des composteurs partagés avec la métropole de Bordeaux dans le square du quartier où tout le monde peut amener ses déchets végétaux et retourner le compost ensemble une fois par mois.

D’ici à 2022, le magasin social et solidaire cherche à doubler ses coopérateurs pour passer de 1.400 à 2.800 et fluidifier le fonctionnement du système. Des travaux d’agrandissement du magasin devraient permettre la rentabilité du modèle économique d’ici à l’année prochaine. D’ici-là, les coopérateurs développent la consigne sur les bouteilles en verre et agrandissent le rayon vrac avec des options de vrac liquide.